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Autrefois pirate dans les mers du sud, Pompée a bourlingué
comme peu de panthères peuvent se targuer d'avoir bourlingué.
Passant ses journées à scruter l'horizon, à noyer
son regard dans les eaux lointaines, il a vite appris à sa mère
qu'il serait marin ou rien. Elle eut beau lui expliquer que cela revient
au même, il n'en démordait pas. Après tout, son père
aussi avait été marin avant qu'une lame de fond ne vienne
l'emporter dans les profondeurs insondables. Mais la brave femme savait
très bien que la grande bleue n'avait rien à voir là-dedans,
ce qui avait emporté son père avait des formes généreuses,
des parfums envoûtants et un rire mélodieux. Bref, le père
de Pompée n'a jamais été victime de la mer mais de
son désir effreiné de posséder les plus belles femmes
du monde. L'amertume de la mère de Pompée envers cette communauté
des marins n'en était que plus forte et plus compréhensible.
Et lorsque son fils, alors très jeune, lui avait fait part de son
désir, elle s'était d'abord mise dans une rage folle, une
rage de désespoir. Et puis, elle avait compris qu'elle n'y ferait
rien, et avait fini par l'encourager dans sa voie tout en lui prodiguant
de sages conseils et en lui apprenant à respecter ce et ceux qui
l'entourent. Et si son père, en son temps, n'en avait cure, Pompée,
lui, revint toujours à son port d'attache pour rendre visite à
la plus belle femme du monde, dans son cur : sa mère. Cependant,
lorsqu'il était sur les mers, les seuls codes qu'il respectait
étaient ceux de la grande confrérie des pirates, car lassé
de tous les règlement absurdes et les injustices que lui imposait
la légalité, il avait choisi de prendre le pavillon noir.
Il grimpa vite les échelons de la hiérarchie en place et
fût bientôt capitaine de vaisseau, avant de se faire emporter
une partie de l'une de ses jambes lors d'une échaufourrée
avec un navire de la marine anglaise. Le boulet de canon avait fait un
travail propre et net mais Pompée n'en restait pas moins diminué
de ce fait. Un jour qu'il se reposait sur les terres du Brésil,
il tomba sur un perroquet nommé Peppo qui
venait de s'échapper de la geôle d'un humain peu fréquentable.
Etant bien costaud, malgré sa jambe de bois et étant toujours
précédé par sa réputation, il n'eût
pas de mal à faire entendre raison au marchand, et prit l'oiseau,
qui devint bientôt son chroniqueur, sous son aile. Mais les temps
étant ce qu'ils sont, la piraterie devint un entreprise de plus
en plus difficile à gérer : de jeunes loups au dents traînant
par terre se disputaient les territoires, faisant fi de tout code d'honneur,
de tout respect de l'ennemi, de toute la force d'une amitié. Seul
le profit devenait une motivation. Alors lassé des querelles intestines,
Pompée s'était retiré sur les terres de ses ancêtres.
Une retraite bien méritée au sein d'une communauté
sympathique, qui ne lui demande qu'être bon vivant.
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