"Eugène, il dégaine sans peine !". Ça c'est la devise du personnage. Autant dire que ça vous met tout de suite dans l'ambiance ! Ce n'est pas que ce soit une brute, ce gars-là, mais il puise son inspiration du côté de ce que l'on appelait, à une époque presque lointaine, les blousons noirs. Ne doutez pas une seule seconde que s'il avait appartenu à une espèce à poil, il se serait laissé pousser la banane. Ça en aurait fait rire plus d'un chez les singes mais rien que l'air aimable du gaillard eût suffit à calmer les plus hilares. Sa mère lui donna naissance dans un zoo privé de Roumanie dans lequel il vécut une partie de son enfance, avant d'être réexpédié sur son territoire de prédilection, l'Afrique, pour cause d'insoumission. Il faut bien avouer qu'il a évité d'une courte corne le billot. Mais, ouf ! Il l'a évité. De cette enfance un poil difficile et surtout marquée d'évènements qui laissent des traces, il conserve cette attitude méfiante, ce désir de castagne, ce refus de toutes règles ormis celle de l'honneur. Et ça, l'honneur, il s'y tient. Ce n'est pas pour rien qu'il voue une presque dévotion pour Simbad qui fut le premier à lui adresser la parole alors qu'il ne savait même pas ce qu'est un palmier, et pour Eléazar aussi qui, malgré le caractère qu'on lui connaît, l'a hébergé et instruit sur les us et coutumes du coin jusqu'à ce qu'il soit en mesure de se débrouiller tout seul. Cela n'a d'ailleurs pas pris beaucoup de temps car le pépère Eugène, l'air de rien, il en a dans le ciboulot et c'est pas la peine de lui répéter deux fois la même chose ! Comme d'autres dans la bande, c'est un rebelle, voilà tout ! Alors certains vont me dire : "c'est bien intéressant tout ça, mais Eugène, on le voit pas beaucoup dans la BD". Ah ! Là évidemment, je ne peux pas dire le contraire, seulement il y a de bonnes raisons à cela. D'abord, tout arrive à point pour qui sait attendre, c'est la première raison. En effet, les personnages de La Guerre du Fût vont et viennent et chacun a son heure de gloire lorsqu'il en est le moment. Et puis la deuxième raison, la plus importante car elle est le reflet même de la personnalité d'Eugène, c'est qu'il vit un peu dans son coin en tentant de se mêler le moins possible à la vie sociale environnante. Et d'une, ça lui importe peu, et de deux, il préfère éviter les ennuis. Et puis (et ça c'est un scoop), il est très affairé à rénover une vieille Harley Davidson qu'il a récupéré dans un avion cargo échoué dans un champ de bananier. Vous comprendrez donc qu'il a autre chose à faire qu'apparaître dans une BD !