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Né dans une famille de riches bourgeois italiens, Giacomo a coulé
des jours paisibles, à l'abri de toute inquiétude quant
à l'avenir. Il a appris l'art de la table, de la cuisine, de la
coiffure, de la bienséance, du pique-nique et autres balivernes
de la vie oisive... Il faut dire que dans la cage qu'il occupait à
l'époque, il n'y avait pas grand chose à faire, et plutôt
que de cavaler bêtement dans la roue mise à sa disposition,
il a observé... Longtemps. Et puis sa maitresse d'alors, une jeune
humaine, le trimbalait un peu partout, calé dans le creux de son
cou. Une vie faste, pleine de chichis, dédiée à l'apprentissage
des fastes du grand monde. Seulement voilà, un agouti (c'est l'espèce
à laquelle appartient Giacomo), ça grandit et les humains
aussi. Du coup, on se lasse un peu de la bestiole, et on la refourgue
à quelque revendeur venal. Giacomo se retrouve donc dans le noir,
obligé de grignoter des graines (imaginez que vous n'ayez qu'un
seul plat préparé (beurk) dans votre hypermarché
de 30000m2...) et puis, forcé de faire ses besoins dans un endroit
ou cela s'accumule, sans même l'espoir d'approcher la main d'un
désodorisant. Une vie de captif que l'on ne souhaite à personne,
même pas à ceux qui en sont les responsables tellement c'est
dur à porter. Lorsqu'il parvient enfin à s'echapper de sa
prison franchement pas dorée, c'est pour se retrouver à
des milliers de kilomètres de ce qu'il a vécu jusqu'alors.
Dans une sorte d'enclos où vivent des humains habillés de
kaki ou de blanc, il cotoie d'autres créatures, qu'il n'a pu voir
que dans des livres, et se rend compte très vite à quel
point sa vie est menacée, et combien ces humains ne lui veulent
pas que des câlins quand ils ont un coup de blues. Non décidemment,
il lui faut s'éloigner au plus vite, s'enfoncer dans la jungle
hostile, que seuls son éducation théorique ainsi que quelques
restes d'instinct primitif, si longtemps enfouis, lui permettront d'affronter.
Par contre, il n'était sans doute pas préparé à
cela : découvrir, autour d'un fût de liquide à la
teneur en produits toxiques inconnue, une ribambelle d'animaux tous plus
ou moins atteints de dégénérescence. C'est à
croire que des humains ont endossé des costumes d'animaux et qu'ils
jouent à la dinette tellement ils sont devenus bêtes et méchants
! Seul point positif de l'affaire : les espèces se mélangent,
s'accueillent, s'apprécient sans se poser de questions. Il y a
bien quelques embardés à cause des singes qui semblent un
peu plus évolués, et d'Enzo qui reste
le roi, mais dans l'ensemble c'est cool. Alors Giacomo pose les valises
qu'il a sous les yeux dans ce lieu tordu, certes, mais hospitalier, et
tente de mettre ses qualités et ses connaissances au service d'Enzo
qui ne loupe jamais une occasion de briller. Avec le passé de Giacomo,
c'est tout bénéfice pour le roi pédant. Désormais
majordome du royaume, Giacomo n'est malheureusement pas encore au bout
de ses peines...
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